>LE SOLO<


L’engouement que suscite le solo est très intéressant. En effet sur ces 2 sites dédiés à la guitare et à la basse on constate le même phénomène qu’est la glorification du solo.

Il est important de définir ce qu’est un solo et ce qui n’en est pas un.

L’idée bien connue d’un solo est le moment où un instrument construit des idées mélodiques et/ou rythmiques pendant que les autres l’accompagnent. Ce moment est généralement bref et ne dépasse pas le quart d’une chanson.



A) Le jeu en solo induit il forcément un accompagnement, une mélodie, un rythme ?

On peut aisément répondre qu’un solo n’a pas forcément besoin d’accompagnement en citant de nombreux exemples (ex : Star Splanged Banner, Hendrix, Woodstock 1969 ; Eruption, Eddie Van Halen…).

B) Maintenant est-ce qu’une mélodie est nécessaire ?

Là aussi on connaît plusieurs morceaux dont les solos sont qualifiables de bruitistes. Bien entendu dans l’analyse physique, le bruit est une vibration donc une note comme une autre mais nous dissocions ici le bruit des notes pour une meilleure compréhension. En exemple le solo de Laquer Head de Primus.
C’est un solo de type percussif. On pourrait alors l’apparenter à un solo de batterie.

C) À présent est-ce qu’une notion rythmique est nécessaire ?

La difficulté réside ici du fait qu’on peut avoir une idée rythmique et éprouver des difficultés à la réaliser. Dans le cas contraire, on ne veut pas jouer en rythme et c’est finalement bien plus difficile qu’il n’y paraît. Qui plus est l’enchaînement des notes induit souvent un ou plusieurs rythmes. La notion de rythme bien qu’indispensable pour le musicien n’est pas non plus un critère de solo obligatoire.


D) Les oubliés

J’ai volontairement oublié plusieurs paramètres car ils sont fréquemment non pensés pour le solo : -Le son (timbre)

Le travail sur le son est important dans les musiques actuelles. On pourrait penser proposer un solo où on modifie le son sur une seule note continue avec les amplis les effets, ou bien modifier le timbre de sa note en la jouant différemment (proche ou éloignée du sillet, doigt médiator, archet…).

- La dynamique (vélocité)

Même chose on pourrait faire un solo intéressant sur une note en travaillant sur la variation de dynamique d’attaque.

Le solo pensé sur une seule note est difficile à rendre intéressant c’est pourquoi il est justement intéressant de le travailler (ex : One string improvisation de Matthias Ia Eklundh, L’intro de Yai Yai de Steve Vai).

-Le nombre de solistes

On pourrait aussi penser le solo en duo ou à 50. En effet pourquoi choisir si c’est le guitariste ou le batteur qui fera un solo alors que finalement ça sera un solo voix+basse.


À Présent voyons un peu quelle est l’interaction avec le public.

A- Non musicien


Voyons dans un premier temps comment est perçu le solo par l’amateur de musique non pratiquant qu’on appellera ici « Poppy ». Ces idées sont basées sur mon expérience personnelle.


Poppy aime les solos de guitare car ça va vite. Le son de guitare miaulant lui plait.
Poppy ne connaît pas les solos de basse il n’y en presque pas dans la musique qu’il écoute. Il pense parfois que c’est de la guitare avec un son bizarre. C’est impressionnant sur scène.
Poppy trouve que les solos de batterie sont trop longs en concert mais impressionnants.

Et maintenant prenons « Rouroux ».

Rouroux a horreur des solos de guitare il trouve que c’est inesthétique et ringard à souhait.
Rouroux aime les solos de basse mais pas trop démonstratif ce qui l’intéresse c’est le son.
Rouroux n’aime pas les solos de batterie c’est trop kitch.


Nous avons ici deux extrêmes que nous pouvons croiser sur nos routes de musicien pratiquant. Peut-être sommes nous l’une de ces deux personnes ou les deux.


B- Le musicien

Vous remplacez Guitare par basse si besoin est et c’est la même chose.


C- Mon idée du solo

Peu importe là où vous vous situez l’important du solo est qu’il soit intéressant et identitaire.
J’entend par intéressant le développement d’une idée précise : une émotion, une idée mélodique ou rythmique ou bruitiste, etc.
J’entends par identitaire un solo qui vous ressemble.
Il faut croire en ce que vous faites pour pouvoir le défendre et c’est plus facile à dire qu’à faire.

À partir de ça tout est permis. L’appréciation du solo devient subjective tout comme l’appréciation d’une personne. On peut alors haïr les solos de Pastorius ou de Hendrix.
Par contre ces musiciens ont défendus et crus en leur musique durant leur courte vie. Les musiciens savent bien quelle influence a eu l’apport identitaire de ces 2 légendes sur les musiques actuelles.

Vous voulez faire des solos ultra rapides ? Très bien
Vous ne voulez pas faire de solo ? Aucun souci
Vous accentuez vos solos sur les belles mélodies, le bruit, les effets ? Parfait

Défendez votre bifteck.
N’oubliez pas que construire son identité musicale impose certaines réflexions.
Quel musicien suis-je ? Quelle est la musique que je veux faire (défendre) ?


Le débat est évidemment ouvert. Merci de votre attention. Poppy