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Rock Mag - Le Neuvième Stade
[...] On nous prévient que la bête n'a pas été masterisée et qu'il manque plusieurs titres, le mixage à ce moment (vers fin février) n'étant pas terminé. [...]
Du Triple au double
L'écoute commence avec Dani California, premier single extrait de Stadium Arcadium, qui doit sortir le 1er mai en éclaireur. L'instrumentation plutôt calme et le refrain qui met du temps à arriver n'en font pas vraiment un tube imparrable mais la pop groovy reste typiquement dans la continuité de Californication/By The Way. Charlie et sa rhymique funky nous font ensuite renouer avec le talent des Red Hot. La guitare minimaliste sert de contrepoint idéal d'une basse omniprésente. Anthony étonne en commençant le titre à la façon d'un spoken word. On retrouve en fait le mélange idéal des deux grandes périodes du groupe, à savoir un funk sautillant lors des couplets et une pop de qualité pendant les refrains entêtants. On est rassuré, les 4 Californiens arrivent à nous en mettre plein les oreilles. Si Stadium Arcadium est un double album, il ne faut pas oublier qu'il a tout d'abord été conçu comme un double-album ... Finalement découragés, les Peppers ont décidé d'évincer certains morceaux pour au finak ne garder que les 25 meilleurs. "Mais les titres enregistrés qui ne sont pas présent sur l'album verront sûrement le jour en tant que faces B ou en bonus de futurs disques", nous expliquera plus tard Chad Smith lors de notre entrevue du lendemain avec le groupe.
Il faut donc garder à l'esprit que tous les morceaux jetés en vrac n'ont pas de lien apparent entre eux, et c'est justement là que réside la force de Stadium Arcadium. Ils peuvent être classés en 3 grandes catégories, à savoir les pop songs façon By The Way, les titres funky qui se rapprochent de Blood Sugar Sex Magik, et les ovnis qui restent bien souvent les meilleurs titres. Parmi ces derniers, il faut impérativement citer Hard To Concentrate, qui est pour moi la meilleur pépite de ce 9ème opus studio. D'après John Frusciante "il a été composé un peu comme le bruit d'une rivière qui coule, il se déveppe petit à petit, tout en gardant une rythmique homogène". La batterie et la basse restent sensiblement les mêmes tout le long du morceau, mais les autres instruments vont et viennent dans une maestria musicale parfaitement maîtrisée. Les paroles ont été écrites par Anthony Kiedis en hommage à Flea. Le bassiste, visiblement très touché, m'affirmera même en avoir fondu en larmes lorsqu'il en eut compris le sens. Parmi les titres inclassables, il y a aussi Desecration Smile et sa structure complètement alambiquée dont les passages acoustiques rappellent étrangement l'album blanc des Beattles (double également). "C'est un disque qui m'a vraiment inspiré pour ce titre, tout comme certains vieux tubes des Beach Boys, notamment en ce qui concerne les choeurs qui restent bien dans la tête. D'ailleurs le plus marrant, c'est que c'est ma nana qui fait les choeurs sur ce morceaux!" raconte John. Preuve de son efficacité redoutable: un journaliste anglais sifflera inconsciemment la mélodie jusqu'à la fin de l'écoute. Dans le genre original, on retiendra aussi 21st Century et sa rythmique à la façon d'un Gang of Four.
Funk Machine
Que les fans de longue date des Red Hot se rassurent , le funk et le groove des débuts font enfin leur grand retour après 2 albums très pop. On retiendra dans ce registre l'imparable Warlocks, qui fait remuer le bassin grâce à une partie de basse encore une fois magistralement interprétée par le tentaculaire Flea. Une plongée alléchante dans les vapeurs acides de Blood Sugar Sex Magik en somme. Tell Me Baby est aussi intéressant dans le traitement vocal d'Anthony, qui se remet timidement à essayer de placer un phrasé vocal proche du hip-hop. Mais le point d'orgue du funky-punk-psychédélique typiquement RHCP atteint le firmament sur l'incroyable Hump De Bump, qui fait la part belle à une white soul classe et inspirée, et lorgnerait presque sur le Young Americas de Bowie. L'excellent break aux bongos et aux maracas est tout simplement jubilatoire et transpire la Californie d'un bout à l'autre. Côté pop, She Looks To Me manque de fougue tandis que Slow Cheetah tombe dans le mièvre, mais We Believe et Stadium Arcadium relèvent en revanche le niveau, l'un avec une montée finale bien foutue et l'autre grâce à un break de guitare qui rapelle les passages les plus progressifs de de King Crimsom.
Au terme d'une première écoute (non mixée et avec un tracklisting non définitif), Stadium Arcadium s'avère déjà être un opus majeur dans la discographie des Red Hot Chili Peppers. Difficile de savoir s'il supplantera le chef-d'oeuvre Blood Sugar Sex Magik mais l'album possède de très bons moments et nous rend encore plus impatient de découvrir tout cela sur scène. Que ce soit à la Halle Tony Garnier à Lyon le 6 juin ou à Paris Bery les 8 et 9. [...]