C'est un chercheur qui vient de mettre au point une machine qui rend
intelligent...
Il songe à tester sa machine sur un être humain et propose à un copain de lui
servir de cobaye. Alors il va le rejoindre à son bar habituel ou il le voit
brailler avec ses potes, et ça discute foot, ça lit "l'Equipe" avec le coude
scotché au zinc, le journal trempé à moitié dans la flotte, l'ambiance est
chaleureuse et chargée d'un mélange de café de cigarette et d'alcool.
Le scientifique l'accoste et lui dit :
- "Eh Maurice, j'aurais besoin d'un coup de main."
- "Oh putaiiiin ! Charles ! Wa con ça fait si longtemps que je t'ai pas vu !
T'as un problème ? Moi tu sais, quand tu veux je t'aide hé !"
- "Non, je vais bien, c'est juste pour une expérience. Vois-tu, je viens de
mettre au point une machine qui augmente le QI. Bon, QI ca veut dire "Quotient
Intellectuel", c'est une grandeur qui vient évaluer le niveau d'intelligence
d'un individu, et j'aimerais te faire profiter de ma création."
Maurice accepte et quitte tout ses potes pour se diriger vers le laboratoire du
chercheur... Le chercheur fait rentrer Maurice dans un caisson d'ou sortent des
nappes de fils, des machines de partout et il commence à mettre la machine en
marche... Le chercheur pousse la manette et a les yeux rivés sur le compteur,
gradué de 0 à 250.
75...
81...
100...
120
Il interrompt la machine, ouvre le hublot et fait :
- "Maurice, ca va ?"
- "Oui, je vais bien, je me sens un peu mieux en fait."
- "Bon alors, je continue okay ?"
- "Vas y, procède a ton expérience, je me sens prêt à poursuivre."
125...
130...
150...
175...
- "Tu tiens le coup Maurice ?"
- "Hmmm... Je ne ressens aucun trouble ni pathologie particulière."
180...
190...
200...
210...
230...
250
Là, le chercheur ouvre la porte et fait sortir son ami.
- "Maurice, comment te sens-tu ?"
Là, le bonhomme ressort et semble un peu plus agité :
- "Bien ! Mais excuse moi, je pense avoir perdu bien trop de temps, j'ai des
milliers de choses à accomplir, je dois redémontrer le théorème de Fermat et
revoir les écrits d'Aristote car je subodore une forte corrélation..."
Pendant plusieurs jours, Maurice disparaît. Après une semaine de travail
acharné, il décide de retourner voir ses copains du bar. Mais il se sent
bizarre... il ne retrouve plus la même convivialité, il trouve que la compagnie
de ses potes est moins drôle... Dépité, il retourne chez son ami et se plaint :
- "Charles, je suis heureux de te trouver dans ton labo. Vois-tu, depuis ton
expérience, que je dois avouer fort fructueuse, je n'ai plus cette même joie de
vivre, tout me paraît fade ; aussi, je souhaiterai perdre un peu de mes
capacités intellectuelles".
- "Ecoute, ça tombe bien, je viens de terminer un module de ma machine qui
permet une rétro-action du mécanisme cognitif... monte donc dans la cabine."
Et là, le chercheur abaisse la manette et l'aiguille descend progressivement :
245...
240...
230...
210...
190...
170...
Le chercheur tente alors d'interrompre le processus... mais l'aiguille chute
toujours et de plus en plus vite !
150...
120...
90...
50...
45...
20...
15...
5...
et puis s'arrête.
Charles ouvre avec appréhension la porte, et regarde fébrilement son ami sortir
de la cabine.
...
...
Maurice fait le tour de la machine et semble regarder suspicieusement le
chercheur et dit :
"Vous avez les papiers du véhicule ?"