Vitamine X
Hmmm.... (reflexion)....
Peut-être qu'avec 5€ les 2h ça pourrais se négocier...
D'ailleurs pourquoi c'est si chère les cours de basse (de guitare aussi, et de chant, et de triangle...) ? Le prix du trajet (et à domicile ?), le temps c'est de l'argent, l'usure des cordes, les profs étaient rattaché à Lehman Brother, le savoir a-t-il un prix ? Hum... Les mystères de la vie chère...
Raison de plus pour rester autodidacte
Je vais alimenter un peu le débat, car faut pas déconner. Bon, je vais encore raconter ma vie, mais l'exemple me semble approprié.
VitamineX, as-tu déjà donné des cours pour te faire autre chose que de l'argent de poche ? Si 20 euros l'heure pour un cours individuel c'est cher, je ne sais pas ce que tu vas pouvoir faire comme activités dans ta vie. Regarde le prix des autres cours : danse, sport, etc ! Tu protestes chez ton garagiste quand il te facture plus de 50 euros l'heure de main d'oeuvre ? Je ne connais rien en mécanique, mais il faut probablement au moins autant de temps pour devenir un bon musicien
ET pédagogue qu'un bon mécano.
Je suis prof de basse à Paris, je facture mes cours 25 euros l'unité, que ce soit un cours individuel (conventionnellement 1h, mais mes élèves restent plutôt 2h en pratique lorsque j'ai le temps) ou collectif (atelier, 3h30). Il y a des gens qui prennent 15 euros, certains montent jusqu'à 30. Etant à 25, je me place dans le haut des tarifs, pourtant :
- je ne suis pas un tueur, que ce soit techniquement ou musicalement
- je ne donne pas de cours à domicile mais chez moi (ce qui m'évite 1h30 de déplacement en moyenne, qui plus est le cours est de meilleure qualité car je dispose de mon piano, mes supports informatiques, mes bouquins, etc)
25 euros le cours d'une heure, est-ce cher ? Réponse en deux points :Pour l'élève : pour une heure de cours bien faite, il y a des heures de travail personnel derrière pour la rentabiliser ; si ce boulot n'est pas fait, prendre des cours (et les payer) ne sert à rien. La progression de mes élèves qui bossent est
significative entre chaque cours. Je pense qu'ils progresseraient moins vite sans prof --- j'en sais quelque chose, étant majoritairement autodicacte --- et c'est pour ça que beaucoup viennent me voir : ils constatent que seuls, il stagnent. Bref, rapporte ce que tu paies à la progression plutôt que juste au taux horaire du prof. Personnellement, ce que je donne à mes élèves, c'est ce que j'aurais aimé avoir lorsque j'ai commencé... j'aurais vraiment gagné du temps, un max de temps.
Pour le prof : bienvenue dans l'envers du décor. Pour bouffer, il te faut trouver des élèves et les garder. Pour commencer, la basse est pour la grande majorité un loisir. Ca veut dire : priorité inférieure. Quelle est la première chose qui "saute" lorsque tu n'as pas le temps, pas l'argent, que ton gosse est malade, etc ? Tes loisirs, dont le cours de basse. Si la perturbation perdure, ce n'est pas seulement un cours de basse qui saute, c'est un élève que je ne reverrai plus. Cela veut dire qu'à moins d'instaurer un système de forfait ("j'ai payé d'avance, donc je suis obligé de venir même si ça me fait ch**r pour rentabiliser"), il est impossible de savoir à coup sûr si on reverra ultérieurement chaque élève... et donc impossible d'estimer correctement ses (maigres) revenus sur une échelle hebdomadaire ou mensuelle.
Il y a donc un taux d'élèves "sortant", qu'il faut compenser par un taux d'élèves "entrant". Tu as déjà essayé de faire de la pub pour vendre un truc, pour un évènement ? Tu verras, c'est marrant, on essaie plein de trucs, ça prend un max de temps, plein d'argent aussi, et au final on finit par garder ce qui marche le mieux et l'améliorer. Mettre des annonces qui donnent envie sur les forums (à upper régulièrement), les sites de musique (idem), les studios de répète (là il faut imprimer des trucs et se déplacer, c'est encore plus long), essayer sur Facebook (fait, 30 euros pour 15 jours, environ 150 clics et zéro retour, on oublie), les magazines de basse (j'ai pas encore fait), faire un site web avec du contenu pédagogique pour dépasser le stade de la simple annonce ou vitrine (ça j'y travaille). D'autres idées ? Je suis preneur. Dans tout les cas, c'est du temps, et de l'argent. Et c'est impératif, sans quoi pas de business.
Bref... pour le prix du cours (1h), il te faut amortir également :
- la pub et le temps passé à "recruter" l'élève... en général on cause pas mal au téléphone ou par mail avant le 1er cours
- les charges, si tu déclares (sur mes ateliers, je perds un peu plus de 50% de mon chiffre d'affaires ainsi)
- le suivi : je réponds à mes élèves par mail s'ils ont des questions, ces derniers jours je crois avoir passé environ une heure à répondre à un élève qui a pour l'instant pris UN SEUL cours avec moi
- les locaux : si je ne recevais pas des gens pour les cours et les ateliers, j'habiterais un 15m² en banlieue. Pour pouvoir organiser des ateliers de manière confortable et accessible, il faut un minimum de surface (louer un studio de répète à 15 euros l'heure n'étant pas du tout rentable) et assez bien placée.
- le matériel : pour donner un bon cours, il me faut un piano, un PC, un ampli. De plus, je prête souvent à mes élèves du matériel pédagogique que j'ai acheté : livres, DVD (sachant que chacun vaut grosso-modo le prix d'un cours et que j'en achète régulièrement pour préparer de nouveaux cours).
- le temps de préparation : temps passé à préparer un programme pédagogique, écrire des supports de cours, etc
Tout ça est à mettre en rapport au nombre de cours sur lesquels tu reverras cet élève, qui peut être relativement faible. Ca explique aussi pourquoi j'ai arrêté le geste commercial du premier cours gratuit : ça prend beaucoup de temps au prof pour un type qui va souvent se rendre compte qu'il n'a pas le temps de bosser en dehors des cours (j'ai fait partie de cet catégorie lorsque j'ai essayé de reprendre des cours il y a quelques temps, ça a duré... 3 cours) et donc que ça ne sert à rien... ou n'a pas l'argent pour se payer des cours, j'ai déjà eu des gens qui voulaient le cours gratuit et uniquement celui-là.
Je peux te donner l'exemple concret de mes ateliers. A la base, je pensais qu'un cours collectif serait plus rentable financièrement qu'un cours individuel. Au final, juge par toi-même : 10h de préparation en moyenne, 1h de pub, 1h de communication avec les potentiels participants, 2x4h pour le donner. Total, si j'ai en moyenne 4 élèves par session (au delà de 6 ce n'est plus possible pédagogiquement), ça fait un chiffre d'affaires de 200 euros pour 20 heures de boulot, sachant qu'il est toujours possible que je n'aie pas assez de monde et que je doive annuler une séance (j'ai déjà donné ainsi un atelier pour 3 personnes au total). Ajoute à cela que j'achète un ou deux bouquins par atelier (je ne compte pas le temps passé dessus dans la préparation) et qu'il y a quelques frais (photocopies, je prévois aussi un peu de bouffe), soit environ 50 euros. Ca ramène, une fois proprement déclaré (50% de charges) mes gains à 75 euros pour 20 heures de boulot, soit deux fois moins que le SMIC horaire.
Ma conclusion : je gagnerais plus d'argent, au final, en taux horaire rapporté à tout ce que je viens de mentionner, en allant bosser à temps partiel chez McDonald's. Et puis j'aurais la stabilité de l'emploi. J'étais ingénieur avant, tout cumulé je gagnais 3000 euros nets déclarés par mois. Désormais, j'ai un chiffre d'affaires de l'ordre de 500 euros par mois grâce à mes cours. Alors ne va pas me dire que je ne fais pas ça par passion et que ça devrait être gratuit ou donné.
Pour recentrer le débat, comment je justifie 25 euros alors que certains prennent 15 ou moins ? La réponse est simple : je vends une certaine qualité de service, et il est hors de question que je la dégrade. La preuve que ça marche ? Régulièrement, j'ai beaucoup d'élèves qui me paient spontanément plus que les 25 euros que je demande.
Stéphane
P.S. : pour revenir au sujet, bon courage à toi regulator !